dimanche 9 novembre 2008

-コン -kon

 Chaque syllabe de la langue chinoise porte un sens en principe, mais les mots chinois sont souvent composés de deux syllabes, c'est-à-dire de deux idéogrammes. Le japonais qui a emprunté beaucoup de mots du chinois possède également de nombreux mots faits de deux idéogrammes, qui sont fréquemment de quatre syllabes en japonais moderne.
 Aussi, les Japonais adorent-ils abréger des mots longs en quatre syllabes, et il arrive que certains éléments aient l'air de pseudo-unités d'origine chinoise qui auraient un sens. Mais ce n'est qu'une apparence, et on cherche en vain le caractère commun.
 Par exemple, il y a pas mal de nouveaux mots qui finissent en コン (ko-n, deux "syllabes" en japonais). Ces kanji 金, 根, 昆, 昏, 恨, 困, 混, 痕, 魂, 今, 懇, 墾, 坤 ont tous la lecture kon, donc cet élément phonétique peut bien avoir aux oreilles l'air d'un kanji qui a un sens. Les Japonais de l'ère Meiji ont fabriqué beaucoup de mots avec les idéogrammes selon le modèle chinois (souvent réimportés par les Chinois d'ailleurs), et ils continuent à faire des néologismes à partir des mots de diverses origines (anglaise pour la plupart), et ce, toujours suivant le modèle chinois, même s'ils n'en sont aucunement conscients.
 Je donne des exemples des mots en -コン.

マイコン micro computer (déjà désuet)
パソコン personal computer
ファミコン family computer (ancien jeu vidéo de Nintendo)
スパコン super computer
マザコン mother complex (fils à maman)
ロリコン Lolita complex (pervers sexuellement attirés par les petites filles)
リモコン remote controler (télécommande)
エアコン air conditioner (climatiseur)
ツアコン tour conductor (compagnon de voyage)
ゼネコン general constructor (grand constructeur immobilier)
生コン nama (brut) concrete (ciment brut)
合コン (uni) company (fête des jeunes de deux parties, filles et garçons)

 Phonétiquement, le dernier exemple gôkon ressemble vraiment à un mot d'origine chinoise.
 Je ne pense pas que la linguistique japonaise ait inventé un terme propre à la catégorie de ces néologismes d'origine étrangère, formés selon le modèle chinois.

P.S. J'explique ce petit mot drôle que 合コン gôkon. Les Japonais gardent bien la tradition de Confucius qui dit "Garçons et filles ne mangent pas à la même table dès l'âge de sept ans". Même dans la classe des établissements d'enseignement supérieur, la classe est souvent divisée en deux, bien qu'il n'y ait aucune obligation. A droite, c'est les garçons, et à gauche, c'est les filles! (ou c'est l'envers. Je me souviens bien des têtes de profs français qui l'ont découvert avec stupéfaction.) Donc afin que les garçons et les filles "se rencontrent", il faut qu'on organise la fête "unie".

Cf. SUZUKI Takao (spécialiste de linguistique sociale) 鈴木孝夫『日本語と外国語』(Japonais et langues étrangères)(岩波新書)

1 commentaires:

christian a dit…

Bonjour,

J'ai ajouté votre site sur mon blog:
http://france-japon.net/blog2/

Comme je vous l'ai déjà écrit, vos articles sont extrêmement intéressants et j'en ai déjà lu plusieurs. Merci beaucoup pour ces précieuses informations!
Par contre, le design du blog empêche la lecture car il cache une grande partie du texte. AMHA (à mon humble avis!), vous devriez en changer! :)