jeudi 23 juillet 2009

もしもし Mosi mosi (moshi moshi) Allô

Un collègue algérien m'a raconté cette histoire.
Un Algérien a été nouvellement embauché par notre bureau japonais. Il avait souvent entendu les Japonais dire "Mosi mosi [moshi moshi]" au téléphone, donc il croyait que cela voulait dire "Bonjour". Donc, au premier jour de son travail, il a dit à tous ses collègues japonais "mosi mosi! mosi mosi!"
Il ne savait pas que ce mot était utilisé exclusivement au téléphone.
  Mais est-il vrai qu'il ne soit utilisé qu'au téléphone? En effet, le mot français "allô" n'est employé qu'au début de la communication téléphonique, mais c'est que c'est un emprunt phonétique du mot anglais "Hello!" Si les Japonais avaient voulu un nouveau mot pour ce nouveau moyen de communication, ils auraient fait la même chose que les Français. "Mosi mosi" n'est pas un mot inventé pour cela. Alors d'où vient cette "salutation"?
 Une fois à Tokyo, je suis sorti avec une nouvelle veste, tout en ayant oublié de couper le dernier faufil (la honte). Devant la station de métro, une gentille dame m'a interpellé de dos "Mosi mosi! Mosi mosi! Un faufil est encore sur votre nouvelle veste." Et elle me l'a gentiment enlevé.
 Ainsi, ce mot est utilisé pour interpeller quelqu'un de dos. Si ce quelqu'un peut vous voir, vous n'avez qu'à lui faire la main. "Mosi mosi" est utilisé seulement lorsque l'interlocuteur ne peut vous apercevoir.
 Des témoignages disent qu'au début de service téléphonique, les Japonais disaient "oï oï!" au lieu de "mosi mosi". En effet, on dit "Oï" pour interpeller quelqu'un de loin.

おーい雲よ (Ôï kumo-yo)
悠々と (Yûyû-to)
馬鹿に呑気そうじゃないか (Baka-ni nonki-sôzya-naïka) [sôja]
何処まで行くんだ (Doko-madé yuku-n-da)
ずっと磐城平の方まで行くんか (Zutto Iwaki-taïra-no hô-madé yuku-n-ka)
 "Hé, Nuage! Tu as l'air diantrement tranquille et nonchalant. Tu vas jusqu'où? Tu vas aller loin, jusqu'à Iwaki-taïra?" (d'un poème de Yamamura Botyô [Bochô]) 山村暮鳥 "yukunka" est dialectal.

 Mais les gens trouvaient ce mot "Oï oï" un peu trop brusque pour entamer une conversation normale. C'est pour cela qu'on l'a remplacé par "mosi mosi" plus doux aux oreilles. C'est logique puisque l'interlocuteur ne peut vous voir au téléphone.
 Le mot "mosi" vient du verbe "môsu" 申す(もうす), et il n'a rien à voir avec la conjonction "mosi", "si" en français. "Môsu" est la forme modeste du verbe "iu" 言う(いう). "Mosi mosi" voudrait donc dire "Je vous parle, je vous parle".





samedi 20 décembre 2008

たち -tati [-tachi]

 Pourquoi les Japonais ont-ils perdu la guerre contre les Américains?
 La réponse est claire et simple: C'est parce qu'il n'y a pas de "pluriel" dans la langue japonaise! C'est une langue arriérée!
 Les profs répétaient cette histoire dans les écoles. Pendant la guerre, l'alarme au bombardement disait 敵機来襲! 敵機来襲! (Tekki raïsyû [raïshû]! Attaque d'avion ennemi!) Comment aurait-on su le nombre d'avions comme ça? N'y a-t-il qu'un bombardier qui arrive ou y en a-t-il plusieurs qui viennent? On ne l'a jamais su! C'est la raison de notre défaite! Ouais, c'est vraiment trop évident...
 Ainsi, le complexe infantile sur le manque de distinction singulier-pluriel est-il incrusté dans la tête des Japonais d'après-guerre. Certains s'aperçoivent du ridicule, mais d'autres pas du tout. Ceux-ci sont complètement inconscients de ce problème, et ils sont probablement beaucoup plus nombreux que les gens qui ont l'aversion à l'abus du suffixe -tachi, le moyen efficace pour faire la forme du pluriel selon ces Nouveaux Japonais, qui ne comprennent d'ailleurs pas que ce suffixe ne serve pas du tout à montrer la différence entre deux bombaridiers et cent bombardiers. 敵機たち来襲! (Tekki-tati raïsyû [Tekki-tachi raïshû], attaque des avions ennemis!) ne ferait que rire... C'est du japonais américanisant... (Malheureusement, les Japonais ont perdu la guerre contre les Américains. Si ç'avait été avec les Français, on aurait pas entendu la différence entre le singulier et le pluriel, à moins qu'on n'ait été attaqué par les chevaux.)
 Je n'ai jamais fait la recherche là-dessus, mais je suppose que ces gens-là prononcent -wo pour la particule を (-o), tellement qu'ils veulent angliciser (voire américaniser) le japonais. Si la langue japonaise ne montre généralement pas la distinction entre le singulier et le pluriel, ce n'est ni un manque ni un défaut par rapport à l'anglais...
 Pour moi, ce sont les deux grands phénomènes qui sont vraiment lamentables concernant la langue japonaise d'après-guerre: l'abus de -tachi et la prononciation -wo. C'est du japonais franchement laid. Quant à l'expression comme 彼女たち (kanozyo-tati [kanojo-tachi]), je peux la tolérer tant qu'elle reste dans la classe pour la "version" (pour les nippophones). Mais ce n'est pas du japonais standard! Bon, la langue évolue (ou s'altère...)
 Je pourrais accepter -tachi ajouté aux personnes à la rigueur. Mais c'est quoi, ces mots-ci? 雲たち (kumo-tati [kumo-tachi], nuages)、鳥たち (tori-tati [tori-tachi], oiseaux)、犬たち (inu-tati [inu-tachi], chiens)、歌たち (uta-tati [uta-tachi], chansons) 、ことばたち(kotoba-tati [kotoba-tachi], mots)... Ce sont des exemples ridicules et stupides qu'il ne faut pas imiter. En plus, certains les trouvent poétiques, c'est exagéré! Les cas les plus graves sont uta-tati [uta-tachi] et kotoba-tati [kotoba-tachi], car ce sont des être inanimés, et abstraits en plus. Si vous voulez faire absolument comme les Japonais contemporains, vous pouvez imiter jusqu'à 鳥たち、犬たち, mais jamais 歌たち!
 Il est vrai que MURANO Sirô [Shirô] (1901-1975), le grand poète qui représente le mouvement du "modernisme" littéraire, ait écrit un poème intitulé 雲たちの衣裳 (Kumo-tati-no isyô [Kumo-tachi-no ishô], Les Habits des nuages), mais c'était une métaphore anthropomorphique. Elle peut être poétique dans la mesure qu'on voit les êtres animés dans les nuages (pourtant, je trouve cette expression peu heureuse de toute façon). Par contre, l'exemple de TAKIGUTI Syûzô [TAKIGUCHI Shûzô] (1903-1979), poète-artiste qui a beaucoup d'admirateurs mais que je n'apprécie pas du tout, a fait l'expression 苦しむ鳥たち (Kurusimu tori-tati [Kurushimu tori-tachi], Oiseaux souffrants), et c'est bien le début de l'abus soi-disant poétique! Ce suffixe n'a pas du tout sa place ici. (Il est possible que mon jugement soit partial.)
 Vous pouvez mettre le suffixe -tati [-tachi] au mot seulement quand il est indispensable. Par exemple, il faut faire la distinction entre 私 (watasi [watashi], moi) et 私たち (watasi-tati [watashi-tachi], nous). Mais on peut dire également 我々 (waréwaré) ou 私ら (watasi-ra [watashi-ra]) pour dire "nous"...
 Là, je m'adresse aux francophones qui maîtrisent très bien le japonais: Il vaut mieux que vous vous demandiez chaque fois si le suffixe -tati [-tachi] est vraiment nécessaire pour éviter la confusion. Dans la plupart des cas, -tati [-tachi] n'est qu'un ajout grotesque à mon avis.
 L'emploi de ce suffixe -tati [-tachi] était originairement réservé pour montrer le respect aux nobles.  Les personnes nées jusque dans les 1920 ont appris à l'école qu'il ne fallait pas mettre -tati [-tachi] si le respect s'avérait déplacé. Par conséquent, il fallait dire 私ら (watasi-ra [watashi-ra]) ou 私ども (wata[ku]si-domo [wata[ku]shi-domo]) au lieu de 私たち (watasi-tati [watashi-tachi]). Même maintenant, quand on veut se montrer modestes (pour parler aux clients par exemple), on ne dit guère watasi-tati [watashi-tachi], mais watakusi-domo [watakushi-domo]. (Je me demande parfois si la méthode de japonais est là pour piéger les non Japonais qui veulent apprendre cette langue...)
 Pour Le Grand Dictionnaire Japonais de Syôgakukan [Shôgakukan] (en 20 tomes, rien à voir avec Le Shôgakukan-Robert), le premier emploi de ce suffixe est pour "dieux, empereurs et nobles". Ensuite, la valeur a dégradé pour montrer le respect léger. Et enfin, le troisième emploi est dénué de respect, ce qui permet les expressions comme watasi-tati [watashi-tachi] ou kimi-tati [kimi-tachi] (vous). Le mot tomo-dati [tomo-dachi] (ami), qui n'est pas considéré comme le pluriel, peut être mis dans cette catégorie. Le Grand Syôgakukan [Shôgakukan] accepte l'anthropomorphisation des animaux. Mais d'autres emplois sont toujours fautifs.
 J'admets que je parle comme un puriste. Mais je crois que les non Japonais doivent apprendre le japonais plus ou moins puriste. D'ailleurs, vous n'avez aucun besoin de parler expressément le japonais qui énerve les personnes âgées. Mais contradictoirement, dans la situation actuelle où il n'y a pas encore de bonnes méthodes pour apprendre cette langue, il est très difficile de comprendre ce que c'est que le bon japonais. Il faut impérativement recourir à ce maudit suffixe quand vous faites le "thème" (pour les francophones). Mais vous devez savoir que l'emploi systématique de -tachi n'est pas dans le registre du japonais normal.
 Je cite un exemple. Il vaut mieux éviter de dire 彼女たち kanojo-tachi, si vous voulez parlez le bon japonais. Déjà, l'emploi des "pronoms" comme 彼 karé et 彼女 kanozyo [kanojo] n'est pas vraiment normal, à part dans la traduction ou pour dire "petit(e) ami(e)" comme un mot familier. Si on remplace ce mot par 女の子 onna-no-ko (jeunes filles), vous n'avez pas besoin de mettre -tati [-tachi] dans la plupart des cas, à moins que vous ne teniez à préciser que c'est le pluriel. Pour le mot comme 女子学生 zyosi-gakusei [joshi-gakusei] (étudiantes), franchement, je ne vois aucune nécessité d'ajouter -tati [-tachi], mais j'entends zyosi-gakusei-tati [joshi-gakusei-tachi] même dans les émissions de NHK, là où il est déplacé de souligner le nombre. C'est consternant pour moi, mais je dois dire qu'une bonne partie des Japonais n'y voit plus aucun problème. En tout cas, j'ai raison de le souligner, car un bon prof de français ne dit jamais à ses élèves non francophones que la capitale de la Belgique est "Brukselles", même si 90% des Français prononcent ainsi.

mardi 9 décembre 2008

なかなか nakanaka

 Certains adverbes japonais n'ont pas d'équivalents français. なかなか nakanaka en est un. Je trouve ces exemples dans mon dictionnaire japonais-français, qui ne donne d'ailleurs pas la définition du mot en français.
今年はなかなか寒い。Kotosi-wa [Kotoshi-wa] nakanaka samui. Il fait bien froid cette année.
そこへ行くにはなかなか時間がかかる。Soko-é yuku-ni-wa nakanaka zikan-ga [jikan-ga] kakaru. Il faut assez de temps pour y aller.
彼はなかなか笑わない。Karé-wa nakanaka warawa-naï. Il rit rarement.
 Comme la dernière phrase est une négation, on pourrait la traduire: Il ne rit pas assez souvent. Ainsi, le mot voudrait dire "assez", "bien" ou "assez bien (souvent)". Ces traductions sont tout à fait correctes, mais insuffisantes pour comprendre cet adverbe.
 Ce mot signifie en réalité "contrairement à l'attente (plus ou moins prolongée)". Par exemple, le chanteur de ma région MIKAMI Kan, qui est connu pour ses textes singuliers, a une chanson intitulée "Nakanaka" dans son répertoire. Il chante この牛丼はなかなかだ Kono gyûdon-wa nakanaka-da. Le gyûdon (grand bol au boeuf) est un plat traditionnellement servi dans le sobaya (restaurant de nouilles), mais il est maintenant considéré comme un plat représentant le fast-food japonais.

 La chaîne de franchise Yosinoya [Yoshinoya], qui a ses magasins partout dans le Japon, ne propose que ce plat. Il n'est pas du tout cher, mais plutôt copieux. En revanche, on ne s'attend pas à la bonne qualité. Par conséquent, "Kono gyûdon-wa nakanaka-da" veut dire "Pour un gyûdon, celui-ci n'est pas mauvais".
 Vous pouvez dire あなたの料理はなかなかおいしい Anata-no ryôri-wa nakanaka oïsii [oïshii] (Vous êtes bon cuisinier contre l'attente) sans choquer, dans un certain contexte. C'est le cas où cette personne vous aurait prévenu qu'elle n'était pas bon cuisinier, par modestie ou non. (Je dois dire que ce n'est pas un franc compliment non plus.)
 On doit tenir compte de l'idée de cet adverbe pour comprendre l'emploi "irrégulier" du mot 全然 zenzen.
 J'ai lu dans un livre de MARUYA Saïichi, le romancier qui a traduit L'Ulysse de James Joyce en japonais et un défenseur de l'ancienne orthographe, cette acecdote amusante. MISIMA [MISHIMA] Yukio et ITÔ [ITOH] Sei, le romancier qui a été accusé d'attentat à la pudeur pour la traduction de Lady Chatterley, ont participé à un colloque de la littérature japonaise. Un Américain s'est abordé à eux dans un café, et il leur a lancé ces mots: "Je n'admettrai jamais vos écrits, parce que vous utilisez le mot zenzen qui n'est pas suivi de négation!".
 全然 zenzen est un adverbe qui doit toujours être suivi de négation (ou de jugement négtatif) selon la grammaire. Il veut dire "nullement", "aucunement". Mais, désolé pour ce spécialiste américain de la littérature japonaise, même Sôséki et Akutagawa ont utilisé zenzen qui n'est pas suivi de négation! Malheur! Dans cet emploi toujours considéré comme fautif par la plupart de des Japonais, l'adverbe porte un jugement positif. Par exemple:
この小説は全然おもしろいよ。Kono syôsétu-wa [shôsétsu-wa] zenzen omosiroï-yo [omoshiroï-yo]. Ce roman est très intéressant. (Familier)
 L'interlocuteur s'attend à la négation この小説は全然おもしろくない Kono syôsétu-wa [shôsétsu-wa] zenzen omosiroku-naï [omoshiroku-naï] (Ce roman n'est pas du tout intéressant) à cause de zenzen qu'il vient d'entendre, mais le mot naï n'apparaît pas à la fin de la phrase, contrairement à ce qu'il attendait. (Dans ce cas-là, on ne peut utiliser nakanaka, car l'attente est de très courte durée.) C'est pour cela que cet emploi familier fâche souvent les gens. Mais certains linguistes "progressistes" expliquent ainsi. Même dans cet emploi familier, il y a un motif de la négation. Comme pour le mot nakanaka, le locuteur imaginait que ce roman n'était pas intéressant. Mais nakanaka ne peut donner qu'un jugement modéré. この小説はなかなかおもしろいよ Kono syôsétu-wa [shôsétsu-wa] nakanaka omosiroï-yo [omoshiroï-yo] veut dire "Contrairement à ce que j'imaginais (ou à ce qu'on disait), ce roman est assez intéressant." Le recours au mot zenzen signifie que cette mauvaise attente a été trahie d'une façon tout à fait inattendue, jusqu'à tel point que le locuteur prononce la phrase qui heurte même le bon sens de l'interlocuteur qui s'attend au jugement négatif à cause du mot zenzen. Selon cette hypothèse, la phrase この小説は全然おもしろいよ Kono syôsétu-wa [shôsétsu-wa] zenzen omosiroï-yo [omoshiroï-yo] peut être l'abbréviation acrobatique de この小説は全然おもしろくないかと思っていたのに、とてもおもしろいよ Kono syôsétu-wa [shôsétsu-wa] zenzen omosiroku-naï-ka-to [omoshiroku-naï-ka-to] omot-té-i-ta-no-ni, totémo omosiroï-yo [omoshiroï-yo] (J'imaginais que ce roman n'était pas du tout intéressant, mais il est très intéressant par contre).
 Quant à la phrase 全然OK Zenzen okkê (Tout à fait d'accord), la nuance qu'elle porte peut être ainsi: "Tu penses peut-être que je ne suis pas d'accord, mais surprise! je suis d'accord!".
 En tout cas, si vous êtes francophone parlant japonais, vous n'êtes pas censé imiter ces mauvais exemples, volontairement provocateurs, qui énervent très souvent les gens. Je comprendrais plutôt cet Américain qui a jeté l'anathème à Misima [Mishima] et à Itô [Itoh], si cet emploi n'était pas aussi répandu. Il est cependant toujours grammaticalement incorrect, et il tire sa force de cette irrégularité.

ね -né

 Une fois, un professeur roumain ou bulgare, je ne me souviens plus, a donné le cours comme un invité à la fac de lettres. Il a dit qu'il a entendu dire que l'opposition sujet-objet n'existait pas en japonais, mais qu'elle était remplacée par celle de connu-inconnu. Il voulait peut-être une réponse de ma part, mais je ne savais quoi répondre.
 Maintenant, je peux dire que c'est une thèse du mathématicien MIKAMI Akira, incompris par les linguistes contemporains et mort dans la folie et la pauvreté. Sa théorie n'est toujours pas adoptée par le manuel scolaire, mais beaucoup de gens croient à présent qu'il avait raison de dire qu'il n'y avait pas de "sujet" (主語 syugo [shugo]) dans la langue japonaise. La particule が montre le "cas sujet" (主格 syukaku [shukaku]), et は, le "thème" (主題 syudaï [shudaï]).
 Je ne parlerai pas du problème très difficile de ces particules cette fois-ci, mais de celles de terminaison. La particule ね -né est souvent traduite par "n'est-ce pas?", mais certains d'entre vous ont probablement déjà remarqué que les Japonais utilisent trop souvent "-né" pour que ce petit mot corresponde à "n'est-ce pas?". Il vaudrait mieux réfléchir à cette opposition connu-inconnu pour comprendre l'emploi de cette particule.
 Prenons un exemple simple.
今日青森は天気が悪いですね。Kyô Aomori-wa tenki-ga warui-désu-né.
 Le temps est mauvais à Aomori aujourd'hui, n'est-ce pas?
 J'ai donné la traduction "exemplaire", mais on n'a pas vraiment besoin de traduire la particule. Ce "-né" suppose que l'information énoncée dans la phrase est "connue" de l'interlocuteur, mais il ne demande pas forcément l'acquiescement de celui-ci. Il y a une sorte de "complicité" concernant l'information. Les Japonais disent parfois ねえ en prolongeant la voyelle. Cette phrase courte ne veut pas nécessairement dire "N'est-ce pas?", mais elle sert à affermir l'entente tacite. 
 Si vous rencontrez quelqu'un dans la rue à Aomori quand il pleut, et que vous lui disiez 今日青森は天気が悪いです sans ajouter ね -né, vous risquez de lui donner une impression bizarre, car cette énoncé veut donner une information "neutre". Vous ferez mieux d'ajouter presque systématiquement cette particule si vous croyez que l'autre est déjà au courant de l'information contenue dans la phrase.
 Par contre, la phrase 今日青森は天気が悪いですよ avec -yo à la fin est utilisée dans une autre situation. よ -yo est la particule de terminaison qui a la fonction grammaticale contraire à ね -né. Elle suppose que l'interlocuteur ne connaît pas l'information donnée par l'énoncé. Donc, vous pouvez le dire au téléphone, mais jamais à quelqu'un qui se trouve actuellement à Aomori. Il est possible que l'autre soit déjà arrivé à Aomori avec son portable, ou qu'il sait qu'il pleut à Aomori par l'image de la webcam de NTT Aomori. Mais c'est la conviction du locuteur qui compte. (A propos, on voit la pharmacie de mon cousin à la webcam de NTT Aomori ;D)
 Une autre particule de terminaison な -na est destiné au locuteur lui-même. La phrase 今日青森は天気が悪いな est prononcée "comme si l'autre ne l'écoutait pas". La question そうかな sô-ka-na est plus contestation que question en vérité, car elle dit "Je me demande si c'est ça".
 On connaît également la forme composée.
この映画はおもしろいよね。Kono eiga-wa omosiroï-yo-né [omoshiroï-yo-né].
 J'ai dit tout à l'heure que -yo porte la fonction contraire à -né. Mais cette phrase ne pose pas de vrai problème d'interprétation. Le locuteur a devant lui une personne qui ne sait pas que ce film est intéressant. Elle ne l'a pas vu, ou elle le trouve ennuyeux. Le locuteur prononce cette phrase à une autre personne qui doit savoir que ce film est intéressant. En fait, l'individu qui a l'opinion négative peut ne pas se trouver au lieu de la conversation. Ici aussi, ce qui compte est l'intérieur du locuteur: Il suppose l'existence des personnes qui ne sont pas au courant de ce fait.
この映画はおもしろいよな。Kono eiga-wa omosiroï-yo-na [omoshiroi-yo-na].
 Dans ce cas-là, la particule -na est sentie comme un élément qui ressemble beaucoup à -né, mais plus faible. Du fait qu'elle demande moins de complicité, l'emploi de よな peut être considéré comme "masculin", c'est-à-dire réservé aux garçons.
 J'ajoute que ce sont mes observations personnelles.

lundi 1 décembre 2008

しわす(師走) shiwasu (décembre)

 Le mois de décembre est un mois où on est embêté par l'étymologie populaire. Chaque année, on répète le même rituel, comme les Japonais aiment. "Savez-vous pourquoi le mois de décembre est appelé shiwasu?" "Non, je ne sais pas." (Mais pourquoi? Etes-vous tous amnésiques? On le dit tous les ans sans jamais s'en lasser!) "C'est parce que le maître court!"
 Vous parlez du maître, mais de quel maître s'agit-il? Le pédant vous répondra peut-être que c'est le bonze. A la fin d'année, le bonze doit se rendre chez tous les danka ("paroissiens") pour donner la lecture de sutra. Cela veut dire qu'on est tous affairés au mois de décembre. C'est déjà une étymologie populaire, mais classique. Un autre vous donnera une version "moderne": "Les profs sont tous des peinards, mais même eux sont occupés à la fin d'année!" Et on rigole tous les ans. Ce qui est curieux est qu'il n'est pas connu que ces explications sont fausses.
 Il est vrai que ce mot est souvent écrit avec deux kanji 師走, et ces idéogrammes pourraient donner le sens "le maître court". Mais la langue est d'abord orale, et on lui donne l'écriture après coup. Qu'est-ce que le son shiwasu veut dire alors?
 Le hiragana pour ce mot devait être しはす jusqu'au milieu du 20e siècle. Si on divise ce mot en deux éléments, cela peut donner し+はす par exemple. Les kanji 師走 correspondraient probablement à cette séparation. La lecture on'yomi de 師 est bien し (shi), mais rien n'assure que la kun'yomi du caractère 走る, はしる (hashiru) puisse changer en はす (hasu). C'est trop improbable.
 Si cette division est juste, on peut plutôt penser que l'élément し (shi) est l'infinitif (連用形, ren'yô-kei) du verbe する (faire, suru), et はす (hasu) vient de l'adjectif verbal (連体形, rentaï-kei) de l'ancien verbe はつ (achever, hatsu), qui a la même forme hatsu que l'indicatif (ou la "forme finie") (終止形, shûshi-kei). しはつつき (shi-hatsu-tsuki) pourrait donc dire "le mois où on achève tout". C'est l'hypothèse la plus probable selon moi. (La forme moderne du verbe はつ [hatsu] est はてる [hatéru])
 D'autres hypothèses pensent que し shi est le reste de 四季 shiki (quatre saisons) ou de 年 toshi (année). Dans ces cas-là, le mot veut dire le mois où les quatres saisons s'achèvent ou que l'année s'achève. A mon avis, on doit toujours se méfier quand les Japonais parlent des quatre saisons.
 Ou bien, le mot peut être une altération de l'adjectif せはし (séwashi) qui veut dire "affairé, occupé" (La forme moderne du mot est せわしい [séwashii]). Il y a plusieurs autres propositions pour expliquer l'origine de ce mot plutôt obscure.
 J'ajoute que ces noms alternatifs de mois ne sont guère utilisés par les Japonais modernes. C'est le piège que les débutants tombent assez souvent. Même si les mots comme "1er mois" "2e mois" vous paraissent plus insipides que ces noms "poétiques", ceux-ci sont pratiquement désuets, et maintenant presque oubliés à part shiwasu, qui alimente seulement la conversation des salles d'accueil des cabinets médicaux à la période des fêtes de la fin d'année.

mercredi 26 novembre 2008

十(じゅう) zyû [jû] (dix)

 Il est connu que les Français ne prononcent pas toujours leur langue de façon "correcte". Du moins leur prononciation n'est-elle pas du goût des puristes. Par exemple, la voyelle œ doit être prononcée comme é, si elle n'est pas suivie d'une autre voyelle. Probablement pour le mot cœlacanthe, personne ne prononce ceu-lacanthe ou queue-lacanthe, mais on entend déjà feu-tus pour fœtus. Si l'œcuménisme garde encore sa valeur authentique, les œnologues eux-mêmes disent eu-nologues à nos jours. Certains trouvent que la prononciation é-nologue est bizarre et erronée.

 Ce phénomène est constaté en japonais aussi. Le mot 十(じゅう) zyû [jû] (dix) est un exemple typique. Si ce mot est suivi d'un "spécifique numéral" comme 個 ko, la prononciation "correcte" doit être じっこ zikko [jikko], mais presque tout le monde prononce *じゅっこ *zyukko [*jukko] à nos jours. Il y a même des parents qui sont indignés d'apprendre que le prof donne la prononciation "dialectale" (ou provinciale) à leurs enfants à l'école. Ils prétendent qu'il est logique que zyû [jû] + ko fait zyukko [jukko], mais non pas zikko [jikko]. Ils ne s'aperçoivent pas que, juste avant dix, pour le chiffre neuf, 九(きゅう) kyû + ko fait きゅうこ kyûko, mais jamais *きゅっこ *kyukko. Cela ne fait que rire. Donc ce qu'ils avancent n'est pas aussi logique qu'ils s'imaginent... Alors, pourquoi zyû [jû] + ko doit-il faire zikko [jikko], tandis que kyû + ko fait kyûko? Il faut connaître un peu l'histoire de japonais.

 A l'époque où les Japonais absorbaient goulûment la culture chinoise (vers le 8e siècle à l'ère de la dynastie Tang), la langue du peuple Han avait un type de syllabes fermées que le mandarin moderne a perdues: celles finissant par k, p, t. Les Japonais de l'époque voulaient bien imiter ces syllabes fermées, mais ces sons ont été graduellement assimilés au système phonétique de la langue japonaise. (Le nom de l'acteur Chow Yun-Fat montre que le cantonnais moderne garde ces syllabes.)

 La consonne t a apparemment bien résisté parmi ces trois. Les entrées du Dictionnaire japonais-portugais (Nip-po) publié au début du 17e siècle par les missionnaires font le témoignage de ce fait. Par exemple, le mot 出没(しゅつぼつ) (apparition soudaine), dont la transcription Hepburn modernisée est syutubotu [shutsubotsu], est transcrit comme xutbot dans ce dictionnaire. Cela veut dire que les Portugais n'entendaient pas de voyelle après le t final des mots (syllabes) d'origine chinoise. (D'ailleurs, les Japonais ordinaires ne sont nullement conscients qu'ils ne prononcent pas forcément les voyelles i et u, un peu comme le schwa.)

 La prononciation du kanzi [kanji] 国 est guo pour le mandarin moderne, mais elle est supposée avoir été à peu près kwok au Moyen Age. Le japonais ajoute le u à la fin, ce qui donne le résultat que la lecture on'yomi (こく, koku), qui doit être fidèle au chinois, compte deux syllabes. Ces caractères chinois dont la on'yomi est de deux syllabes distinctes sont issus des mots-syllabes dont la consonne terminale était k ou t.

 Le kanji 一 (anciennement iet) a deux on'yomi いち (iti [ichi]) et いつ (itu [itsu]). Ceci est kan'on, et cela go'on (voir cet article). Les Japonais d'avant le 8e siècle ajoutaient le i plutôt que le u préféré par ceux d'après l'ère Nara. Il est très intéressant de constater que même les Japonais modernes suivent cette tradition languistique. Pour le même mot anglais strike, on a d'abord donné la transcription ストライキ avec i à la fin (grève), et puis ストライク avec u (pour le bowling). On connaît également インキ (i) et インク (u) qui n'ont pas de sens différent selon la transcription (ink, encre), mais la première est toujours la plus ancienne.

 En revanche, la langue japonaise a perdu la consonne p au fil des temps. L'ancienne prononciation chinoise du kanzi [kanji] 十 était à peu près jip. Les Japonais ont transcrit le caractère comme じふ (jusqu'à la première moitié 20e siècle), car la série はひふへほ correspondait aux sons pa, pi, pu, pé, po au Moyen-Age. La consonne p a changé en f, et puis en h. Le Dictionnaire Nip-po montre qu'on prononçait le f au lieu du h moderne au début 16e (le printemps y est faru), alors que la transcription Hepburn au 19e siècle témoigne l'état passager où seul ふ gardait la prononciation f (fu). Et la consonne h (ou f) a perdu sa valeur phonétique sauf au début du mot.

 Je trouve très curieux que les Japonais respectent bien la transcription Hepburn qui n'est nullement scientifique ni logique. Il y a même des Japonais qui prononcent fu exprès pour ふ, car Hepburn voulait que ce soit fu, tandis que ce son est à présent déjà passé à hu, suivant l'évolution logique de la langue. C'est de la bouffonnerie. Cela me fait rire également que les Français qui apprennent le japonais respectent soigneusement cette transcription vite faite, à l'anglaise, mais c'est personnel... D'ailleurs, je suis assez bien cette "tradition" dans ce blog pour ne pas trop perturber les lecteurs. Même pour la lecture du kanzi [kanji] 一, la transcription "nippone" iti et itu serait beaucoup plus logique et compréhensible que ichi et itsu. Cette disparité obligée me pose un grand problème. Je ne sais pourquoi aucun linguiste japonais n'a jamais pensé sérieusement à l'alphabétisation qui respectait l'étymologie.

 Ainsi, le mot dix, qui était じふ jip(u) au début, s'est transformé en jifu, jihu, et puis en jiu. Mais si le mot était combiné avec un autre élément comme ko, じふこ donnerait la prononciation jip(u)ko. Mais le mot jipko n'est pas prononçable pour les Japonais a priori, donc cela donne jikko, mais jamais jukko n'est possible dans cette logique. Mais franchement, j'avoue que je me trompe très souvent moi aussi. (Pour le kanzi [kanji] 九 (neuf), le caractère correspondait à la syllabe ouverte kiu, qui ne causait aucune difficulté avec l'ajout de ko.)

 Allez corriger le japonais des japonais, et consolidez la réputation des francophones antipathiques! ;-p

mercredi 19 novembre 2008

様(さま) sama

 On trouve souvent la description qui dit que le mot japonais さま sama (ou plutôt un suffixe dans ce cas) correspond aux mots français comme Monsieur, Madame et Mademoiselle. Mais alors, comment doit-on comprendre ces expressions?

    お疲れさま。(おつかれさま) o-tsukaré-sama (Tsukaré: fatigue)
    ご苦労さま。(ごくろうさま) go-kurô-sama (kurô: peine)
    お気の毒さま。(おきのどくさま) o-kinodoku-sama (kinodoku: pitié)

  Ces phrases veulent dire respectivement (à peu près) "Vous devez être fatigué", "Merci d'avoir pris la peine (Merci de votre service)", "Je suis désolé pour vous". Otsukarésama ("Vous devez être fatigué") peut être utilisé pour dire au revoir dans certaines occasions. Vous pouvez dire gokurôsama au facteur ou au coursier par exemple.
 Le mot (suffixe) さん -san est une forme altérée et familière de sama, et on peut substituer sama à san dans ces expressions. (Logiquement, on devrait transcrire sam plutôt que san, mais personne ne le fait, car les Japonais se foutent complètement de l'étymologie pour la transcription alphabétique. D'ailleurs, on peut dire la même chose pour la réforme d'écriture après la Deuxième Guerre mondiale. Vous devez au moins savoir que le hiragana ん porte plusieurs valeurs phonétiques: n, m, ng... Vous pouvez les prononcer presque indifféremment, et les Japonais entendent toujours la même chose si la consonne n'est pas suivie de voyelle.)
 Le Grand Dictionnaire de la langue japonaise de Shôgakukan dit tout simplement que l'emploi de sama avec le nom de personne montre le respect, et les exemples o-nom-sama ou go-nom-sama la politesse. Moi, je pense plutôt que ce suffixe montre certaines affections envers l'interlocuteur. (La règle générale veut qu'on ajoute le préfixe o- avant le mot d'origine japonaise, et go- avant le mot d'origine chinoise, mais il y a des exceptions.)
 La faute que les Français commettent très souvent est causée par la définition qui dit que ce mot sama (ou san) correspond aux "titres". Mon nom de famille est Fukui, mais je ne peux jamais dire 私はふくいさんです (watashi-wa fukui-san-desu), car ce suffixe est destiné à l'interlocuteur. Je ne peux montrer le respect envers moi-même.

 Le mot sama, qui n'est pas utilisé comme le suffixe, veut dire proprement "apparence, port". L'expression さまになる (sama-ni naru) veut dire "avoir du style (passable)".

    きみの習字はなかなかさまになっているよ。(kimi-no shûji-wa nakanaka sama-ni nat-té-iru-yo)
    Ta calligraphie est beaucoup meilleure que ce que j'imaginais (ou ce que tu disais)!

 (L'adverbe nakanaka veut dire "contrairement à l'attente négative". Vous ne devez pas dire あなたの料理はなかなかおいしい [Votre cuisine est assez délicieuse] sans contexte. Si l'interlocuteur vous a déjà dit qu'il n'était pas bon cuisinier, vous pouvez le dire.)
 Le mot ざま zama est une autre forme de sama qui signifie l'apparence, mais sa nuance est mauvaise. ざまあみろ zamâ miro
(est-ce l'altération de "zama-o miro"?) signifie "Regarde ce que tu
es!", mais on peut le traduire "T'as eu ce que tu mérites!". Ce n'est
pas un gros mot proprement dit, mais presque. 何だ、そのざまは nan-da sono zama-wa! "Qu'est-ce que c'est que cet état!" La traduction que je propose est "tu es vraiment pitoyable".

 死にざま shinizama signifie "façon de mourir", mais la nuance est forcément mauvaise.

三島の死にざまはひどいものだった。Mishima-no shinizama-wa hidoï mono-dat-ta.

La façon de mourir de Mishima était horrible.


 Certains utilisent 生きざま ikizama "manière de vivre" dans le sens positif, mais les puristes trouvent cette utilisation très fâcheuse.

 Le suffixe ちゃん -chan qu'on ajoute au nom est une autre forme altérée de sama, beaucoup plus familière que -san. L'emploi s'avère délicat, donc il vaut mieux que vous vous abtsiniez à l'utiliser. Il y a même un professeur qui a été licencié pour l'utilisation déplacée de -chan, considérée comme le harcèlement sexuel envers des étudiantes. (Ce n'était pas la seule raison mais...) Il n'est pas seulement utilisé pour les filles et les enfants, mais on peut dire おじいちゃん (ojiichan, papy) ou おじちゃん (ojichan, tonton) par exemple. Vous ne devez pas le dire en principe, à moins que vous ne connaissiez bien la personne. (C'est assez rare, mais on peut rencontrer ちゃま chama. L'emploi est désormais une plaisanterie plus ou moins péjorative. Par exemple, le premier ministre Asô Tarô est qualifié de お坊ちゃま obottchama, enfant bourgeois qui ne connaît rien de la vie. Mais quel âge a-t-il?...)
 Peut-être que ce mot garde approximativement l'ancienne prononciation, car on suppose que la consonne s était ts au Moyen Age. On peut entendre le fils de paysan prononcer おとっつぁん (otottsan) pour dire おとうさん (otôsan) seulement dans le jidaïgéki (drame de l'époque, de cape et d'épée à la japonaise ou série policière avec samouraïs). おとうちゃん (otôchan, papa) et おかあちゃん (okâchan, maman) sont toujours utilisés par les Japonais moyens. En tout cas, vous n'aurez sans doute pas l'occasion d'utiliser ces appellations familières.

 Un autre suffixe qu'on doit utiliser seulement pour les garçons est くん -kun. L'emploi correct veut que vous ajoutiez -kun au nom d'un garçon qui n'est pas plus âgé que vous. Et en plus, c'est une appellation de camaraderie entre les garçons. Mais FUKUZAWA Yukichi (1835-1901), le penseur japonais qui a défini la modernité japonaise et le fondateur de l'Université de Keiô, a commencé l'utilisation générale de ce suffixe, également pour les filles. (Le kanji pour -kun est 君, mais personnellement, j'écris toujours ce suffixe avec hiragana.)
  Maintenant on ne sait plus comment utiliser ce mot correctement. Si on respectait bien la grammaire, une femme ne devrait pas appeler un garçon avec -kun, mais avec -san. Mais cette règle est complètement oubliée. L'exception est probablement les filles très bourgeoises qui n'ont pas l'habitude d'appeler le nom de garçon avec -kun. Mais si vous êtes fille francophone qui parle japonais, je pense que vous pouvez toujours appeler les garçons japonais avec -san, sans imiter les Japonaises modernes.
 Pour le nom de fille, il n'y a pratiquement que les professeurs de Keiô qui ajoutent -kun au lieu de -san, mais le Parlement adopte le modèle de Fukuzawa je ne sais pourquoi. Les gens qui détestent cette camaraderie à la Fukuzawa n'utilisent jamais -kun. J'en connais quelques-uns.

 Le suffixe 殿(どの) -dono est utilisé par l'administration. Bien que le mot veuille dire seigneur (tono) à l'origine, beaucoup de gens y voient la condescendance administrative. Pas mal de mairies et de préfectures mettent désormais sama au lieu de -dono sur le papier et le courrier.